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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/173

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par M. Locke.

IV. Car si le consentement du plus grand nombre ne peut raisonnablement être reçu comme un acte de tous, et obliger chaque individu à s’y soumettre, rien autre chose que le consentement de chaque individu ne sera capable de faire regarder un arrêt et une délibération, comme un arrêt et une délibération de tout le corps. Or, si l’on considère les infirmités et les maladies auxquelles les hommes sont exposés, les distractions, les affaires, les différens emplois, qui ne peuvent qu’empêcher, je ne dirai pas seulement, un aussi grand nombre de gens qu’il y en a dans une société politique, mais un beaucoup moins grand nombre de personnes, de se trouver dans les assemblées publiques ; et que l’on joigne à tout cela la variété des opinions et la contrariété des intérêts, qui ne peuvent qu’être dans toutes les assemblées : on reconnoîtra qu’il seroit presque impossible, que jamais aucun décret fût valable et reçu. En effet, si l’on n’entroit en société que sous telles conditions, cette entrée seroit semblable à l’entrée de Caton au théâtre, tantum ut exiret. Il y entroit seulement pour en sortir. Une telle constitution rendroit le plus fort Léviathan[1],

  1. Ce mot se trouve souvent dans l’Écriture pour