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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/181

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par M. Locke.

plus y avoir lieu de douter du droit et de la justice de ces sortes de gouvernemens, ni de l’opinion dans laquelle ont été les hommes à cet égard, et de la pratique qu’ils ont observée dans l’érection des sociétés.

XI. Je ne veux pas nier que, si on pénètre bien avant dans l’histoire, et si l’on remonte aussi haut qu’il est possible, vers l’origine des sociétés, on ne les trouve généralement sous le gouvernement et l’administration d’un seul homme. Je suis même fort disposé à croire que, quand une famille étoit assez nombreuse pour subsister et se soutenir d’elle-même, et qu’elle continuoit à demeurer unie en elle-même, mais séparée des autres sans se mêler avec elles, dans un tems où il y avoit beaucoup de terres et peu de peuples, le gouvernement commençoit et résidoit ordinairement dans le père. Car le père ayant, par les loix de la nature, le même pouvoir qu’avoit tout autre homme, de punir, comme il jugeoit à propos, la violation de ces loix, pouvoit punir les fautes de ses enfans, lors mêmes qu’ils étoient hommes faits et hors de minorité ; et il y a apparence qu’ils se soumettoient tous à lui et consentoient d’être punis tous par ses mains et par son autorité seule ; qu’ils