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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/258

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Du Gouvernement Civil,

du gouvernement étant de conserver tous les membres de la société, autant qu’il se peut, des coupables doivent être épargnés, et obtenir leur pardon, lorsqu’on voit manifestement qu’en leur faisant grace, on ne cause aucun préjudice aux innocens.

II. Le pouvoir d’agir avec discrétion pour le bien public, lorsque les loix n’ont rien prescrit sur de certains cas qui se présentent, ou quand même elles auroient prescrit ce qui doit se faire en ces sortes de cas, mais qu’on ne peut exécuter dans de certaines conjonctures sans nuire fort à l’état : ce pouvoir, dis-je, est ce qu’on appelle prérogative, et il est établi fort judicieusement. Car, puisque dans quelques gouvernemens le pouvoir législatif n’est pas toujours sur pied ; que même l’assemblée de ce pouvoir est d’ordinaire trop nombreuse et trop lente à dépêcher les affaires qui demandent une prompte exécution et qu’il est impossible de prévoir tout, et de pourvoir, par les loix, à tous les accidens et à toutes les nécessités qui peuvent concerner le bien public, ou de faire des loix qui ne soient point capables de causer du préjudice dans certaines circonstances, quoiqu’on les exécute avec une rigueur inflexible dans toutes