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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/263

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par M. Locke.

sur certains cas qui se présentent, et d’agir même quelquefois d’une manière contraire à des loix expresses de l’état, si le bien public le requiert, et sur l’approbation que la société est obligée de donner à cette conduite. Et, véritablement, comme un bon Prince, qui a toujours devant les yeux la confiance qu’on a mise en lui, et qui a à cœur le bien de son peuple, ne sauroit avoir une prérogative trop grande, c’est-à-dire, un trop grand pouvoir de procurer le bien public ; aussi un Prince foible ou méchant, qui peut alléguer le pouvoir que ses prédécesseurs ont exercé, sans la direction des loix, comme une prérogative qui lui appartient de droit, et dont il peut se servir, selon son plaisir, pour avancer des intérêts différens de ceux de la société, donne sujet au peuple de reprendre son droit, et de limiter le pouvoir d’un tel Prince, ce pouvoir qu’il a été bien aise d’approuver et d’accorder tacitement, tandis qu’il a été exercé en faveur du bien public.

VII. Si nous voulons jeter les yeux sur l’histoire d’Angleterre, nous trouverons que la prérogative a toujours crû entre les mains des plus sages et des meilleurs Princes, parce que le peuple remarquoit que toutes leurs