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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/285

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par M. Locke.

pas regardée comme un paradoxe. Quand on parle des pays qui sont tombés sous la domination d’un Prince, on n’a guère accoutumé d’en parler autrement que comme de pays conquis. Il semble que les conquêtes seules portent avec elles, et confèrent infailliblement le droit de possession que ce que pratique le plus fort et le plus puissant, doit être la règle du droit ; et que, parce qu’une partie de la condition triste des gens subjugués consiste à ne contester point à leurs vainqueurs leurs prétentions, et à subir les conditions qu’ils prescrivent, l’épée à la main, ces prétentions et ces conditions deviennent par-là justes et bien fondées.

VII. Quand un homme emploie la force contre un autre, il se met par-là en état de guerre avec lui. Or, soit qu’il commence l’injure par une force ouverte, ou que l’ayant faite sourdement et par fraude, il refuse de la réparer et la soutienne par la force, c’est la même chose, et l’un et l’autre est guerre. En effet, qu’un homme enfonce la porte de ma maison tout ouvertement, me jette dehors avec violence ; ou qu’après s’y être glissé sans bruit, il la garde et m’empêche, par force, d’y entrer ; ce