Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
280
Du Gouvernement Civil,

n’est qu’une seule et même chose. Au reste, nous supposons ici, que ceux dont nous parlons, se trouvent dans cette sorte d’état où l’on n’a point de commun juge sur la terre auquel on puisse appeler. C’est donc l’injuste usage de la violence, qui met un homme dans l’état de guerre avec un autre ; et par-là, celui qui en est coupable, perd le droit qu’il avoit à la vie ; car abandonnant la raison, qui est la règle établie pour terminer les différends et décider des droits de chacun, et employant la force et la violence, c’est-à-dire, la voie des bêtes, il mérite d’être détruit par celui qu’il avoit dessein de détruire, et d’être regardé et traité comme une bête féroce, qui ne cherche qu’à dévorer et à engloutir.

VIII. Mais parce que les fautes d’un père ne sont pas les fautes de ses enfans, qui peuvent être raisonnables et paisibles, quoiqu’il ait été brutal et injuste : un père, par sa mauvaise conduite et par ses violences, peut perdre le droit qu’il avoit sur sa personne et sur sa propre vie ; mais ses enfans ne doivent point être enveloppés dans ses crimes, ni dans sa destruction. Ses biens, que la nature, qui veut la conservation de tous les hommes, autant qu’elle est possible,