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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/287

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par M. Locke.

a fait appartenir à ses enfans pour les empêcher de périr, continuent toujours à leur appartenir. Car, supposons qu’ils ne se soient point joints à leur père dans une guerre injuste, soit parce qu’ils étoient trop jeunes et dans l’enfance, soit parce que, par leur propre choix, ils n’ont pas voulu se joindre à lui, il est manifeste qu’ils n’ont rien fait qui doive leur faire perdre le droit qu’ils ont naturellement sur les biens dont il s’agit ; et un conquérant n’a pas sujet de les leur prendre, par le simple droit de conquête, faite sur un homme qui avoit résolu et tâché de le perdre par la force ; tout le droit qu’il peut avoir sur ses biens, n’est fondé que sur les dommages qu’il a soufferts par la guerre, et pour défendre ses droits, et dont il peut demander la réparation. Or, jusqu’à quel point s’étend ce droit sur les possessions des subjugués ? c’est ce que nous verrons dans l’instant. Concluons seulement ici, qu’un vainqueur, qui par ses conquêtes a droit sur la vie de ses ennemis, et peut la leur ôter, quand il lui plaît, n’a point droit sur leurs biens, pour en jouir et les posséder. Car, c’est la violence brutale dont un agresseur a usé, qui a donné à celui à qui il a fait la guerre, le droit de lui