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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/307

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par M. Locke.

l’avantage de tout l’État, à mes avantages propres et à mes intérêts particuliers ; persuadé que je suis, que l’avantage et le bien de l’État est mon plus grand avantage et ma félicité temporelle, et que c’est en ce point qu’un Roi légitime diffère entièrement d’un tyran. En effet, il est certain que le principal et le plus grand point de différence qu’il y a entre un Roi juste, et un tyran et un usurpateur, consiste en ce qu’au lieu qu’un tyran superbe et ambitieux, s’imagine que son royaume et son peuple sont uniquement faits pour satisfaire ses desirs et ses appétits déréglés ; un Roi juste et équitable se regarde, au contraire, comme établi pour faire ensorte que son peuple jouisse tranquillement de ses biens, et de ce qui lui appartient en propre. Et encore, dans le discours que ce sage Prince fit au Parlement en 1609, il s’exprima de cette sorte : Le Roi s’oblige lui-même, par un double serment, à observer les loix fondamentales de son royaume : l’un est un serment tacite, qu’il fait en qualité de Roi, et par la nature de sa dignité, qui l’engage, et bien étroitement, à protéger et son peuple et les loix du royaume ; l’autre est un serment exprès qu’il prête, le