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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/306

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Du Gouvernement Civil,

nie est l’exercice d’un pouvoir outré, auquel, qui que ce soit, n’a droit assurément : ou bien, la tyrannie est l’usage d’un pouvoir dont on est revêtu, mais qu’on exerce, non pour le bien et l’avantage de ceux qui y sont soumis, mais pour son avantage propre et particulier ; et celui-là, quelque titre qu’on lui donne, et quelques belles raisons qu’on allègue, est véritablement tyran, qui propose, non les loix, mais sa volonté pour règle, et dont les ordres et les actions ne tendent pas à conserver ce qui appartient en propre à ceux qui sont sous sa domination, mais à satisfaire son ambition particulière, sa vengeance, son avarice, ou quelqu’autre passion déréglée.

II. Si quelqu’un croit pouvoir douter de la vérité et de la certitude de ce que j’avance, parce que celui qui le propose est un sujet et un sujet inconnu, et sur l’autorité duquel on ne voudroit pas s’appuyer ; j’espère que l’autorité d’un célèbre Roi l’engagera à en tomber d’accord : c’est du Roi Jacques dont j’entends parler. Voici de quelle manière il s’expliqua dans le discours qu’il fit au Parlement en 1603 : Je préférerai toujours, en faisant de bonnes loix et des constitutions utiles, le bien public et