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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/309

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par M. Locke.

volonté particulière et ses passions déréglées.

III. C’est une erreur que de croire que ce désordre et ces défauts, qui viennent d’être marqués, ne se trouvent que dans les monarchies ; les autres formes de gouvernement n’y sont pas moins sujettes. Car, enfin, par-tout où les personnes qui sont élevées à la suprême puissance, pour la conduite d’un peuple et pour la conservation de ce qui lui appartient en propre, emploient leur pouvoir pour d’autres fins, appauvrissent, foulent, assujétissent à des commandemens arbitraires et irréguliers des gens qu’ils sont obligés de traiter d’une toute autre manière ; là, certainement, il y a tyrannie, soit qu’un seul homme soit revêtu du pouvoir, et agisse de la sorte, soit qu’il y en ait plusieurs. Ainsi, l’histoire nous parle de trente tyrans d’Athènes, aussi-bien que d’un de Syracuse ; et chacun sait que la domination des Décemvirs de Rome ne valoit pas mieux, et étoit une véritable tyrannie.

IV. Par-tout où les loix cessent, ou sont violées au préjudice d’autrui, la tyrannie commence et a lieu. Quiconque, revêtu d’autorité, excède le pouvoir qui lui a été donné par les loix, et emploie la force