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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/311

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par M. Locke.

pouvoir et les richesses de la plus grande partie des enfans d’Adam, puissent servir d’excuse, et sur-tout de fondement légitime pour justifier les rapines et l’oppression, qui consistent à préjudicier à autrui sans autorité : au contraire, ils ne font qu’aggraver la cruauté et l’injustice. Car, enfin, agir sans autorité, au-delà des bornes marquées, n’est pas un droit d’un grand plutôt que d’un petit officier, et ne paroît pas plus excusable dans un Roi que dans un Commissaire de quartier, ou dans un sergent : cela est même moins pardonnable dans ceux qui ont été revêtus d’un grand pouvoir, parce qu’on a pris en eux plus de confiance, qu’on a supposé que l’avantage de leur éducation, les soins de leurs gouverneurs, les lumières et l’habileté de leurs conseillers, leur donneroient plus d’intelligence et de capacité ; et qu’ayant reçu une beaucoup plus grande part que n’ont fait le reste de leurs frères, ils seroient plus en état de faire du bien.

V. Quoi, dira-t-on, on peut donc s’opposer aux commandemens et aux ordres d’un Prince ? On peut lui résister toutes les fois qu’on se croira maltraité, et qu’on s’imaginera qu’il n’a pas droit de faire ce