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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/323

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par M. Locke.

ter ; cela étant aussi impossible, qu’il l’est, que la structure d’une maison subsiste, après que les matériaux, dont elle avoit été construite, ont été séparés les uns des autres, et mis en désordre par un tourbillon, ou ont été mêlés et confondus les uns avec les autres en un monceau par un tremblement de terre.

II. Outre ce renversement causé par les gens de dehors, les gouvernemens peuvent être dissous par des désordres arrivés au-dedans.

Premièrement, cette dissolution peut arriver lorsque la puissance législative est altérée. Car, la société civile est un état de paix pour ceux qui en sont membres ; on en a entièrement exclus l’état de guerre ; on a pourvu, par l’établissement de la puissance législative, à tous les désordres intérieurs, à tous les différends, et à tous les procès qui pourroient s’élever entre ceux qui composent une même communauté. Il a été arrêté, par le moyen du pouvoir législatif, que les membres de l’état seroient unis, composeroient un même corps, et vivroient dans la possession paisible de ce qui leur appartient. La puissance législative est donc l’ame du corps politique ; c’est