Aller au contenu

Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
318
Du Gouvernement Civil,

d’elle que tous les membres de l’état tirent tout ce qui leur est nécessaire pour leur conservation, pour leur union, et pour leur bonheur. Tellement que quand le pouvoir législatif est ruiné ou dissous, la dissolution, la mort de tout le corps politique s’ensuit. En effet, l’essence et l’union d’une société consistant à n’avoir qu’une même volonté et qu’un même esprit ; le pouvoir législatif a été établi par le plus grand nombre, pour être l’interprête et comme le gardien de cette volonté et de cet esprit. L’établissement du pouvoir législatif est le premier et fondamental acte de la société, par lequel on a pourvu à la continuation de l’union de tous les membres, sous la direction de certaines personnes, et des loix faites par ces personnes que le peuple a revêtues d’autorité, mais de cette autorité, sans laquelle qui que ce soit n’a droit de faire des loix et de les proposer à observer. Quand un homme ou plusieurs entreprennent de faire des loix, quoiqu’ils n’aient reçu du peuple aucune commission pour cela, ils font des loix sans autorité, des loix par conséquent auxquelles le peuple n’est point tenu d’obéir ; au contraire, une semblable entreprise rompt tous les liens de la sujétion