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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/331

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par M. Locke.

en même-tems, et le peuple devient une multitude confuse, sans ordre et sans liaison. Quand la justice n’est plus administrée, que, par conséquent, les droits de chacun ne sont plus en sûreté et qu’il ne reste aucun pouvoir dans la communauté qui ait soin des forces de l’État, ou qui soit en état de pourvoir aux besoins du peuple, alors il ne reste plus de gouvernement. Si les loix ne peuvent être exécutées, c’est comme s’il n’y en avoit point ; et un gouvernement sans loix, est, à mon avis, un mystère dans la politique, inconcevable à l’esprit de l’homme, et incompatible avec la société humaine.

X. Dans ces cas, et dans d’autres semblables, lorsque le gouvernement est dissous, le peuple est rentré dans la liberté et dans le plein droit de pourvoir à ses besoins, en érigeant une nouvelle autorité législative, par le changement des personnes, ou de la forme, ou des personnes et de la forme tout ensemble, selon que la société le jugera nécessaire pour sa sûreté et pour son avantage. En effet, il n’est point juste que la société perde, par la faute d’autrui, le droit originaire qu’elle a de se conserver : or, elle ne sauroit se conserver que par le