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par M. Locke.

bien représenter l’injustice qu’il y a à violer les loix de la société, et de leur faire bien voir les dangers terribles auxquels ils s’exposent par une conduite opposée à la conduite que ces loix exigent.

XVII. Dans ces sortes de cas, dont nous venons de parler, dans l’un desquels la puissance législative est changée, et dans l’autre les législateurs agissent d’une manière contraire à la fin pour laquelle ils ont été établis, ceux qui se trouvent coupables, sont coupables de rebellion. En effet, si quelqu’un détruit par la force la puissance législative d’une société, et renverse les loix faites par cette puissance qui a reçu autorité à cet effet, il détruit en même-tems l’arbitrage, auquel chacun avoit consenti, afin que tous les différends pussent être terminés à l’amiable, et il introduit l’état de guerre. Ceux qui abolissent, ou changent la puissance législative, ravissent et usurpent ce pouvoir décisif, que personne ne sauroit avoir que par la volonté et le consentement du peuple ; et, par ce moyen, ils détruisent et foulent aux pieds l’autorité que le peuple a établie, et que nul autre n’est en droit d’établir : et introduisant, un pouvoir que le peuple n’a point autorisé, ils in-