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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/344

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Du Gouvernement Civil,

troduisent actuellement l’état de guerre, c’est-à-dire, un état de force sans autorité. Ainsi, détruisant la puissance législative établie par la société, et aux décisions de laquelle le peuple acquiesçoit et s’attachoit comme à ses propres décisions et comme à ce qui tenoit unis et en bon état tous les membres du corps politique, ils rompent ces liens sacrés de la société, exposent derechef le peuple à l’état de guerre. Que si ceux qui, par force, renversent l’autorité législative, sont des rebelles, les législateurs eux-mêmes, ainsi qu’il a été montré, méritent de n’être pas qualifiés autrement, dès qu’après avoir été établis pour protéger le peuple, pour défendre et conserver ses libertés, ses biens, toutes les choses qui lui appartiennent en propre, ils les envahissent eux-mêmes, et les leur ravissent. S’étant mis de la sorte en état de guerre avec ceux qui les avoient établis leurs protecteurs, et comme les gardiens de leur paix, ils sont certainement, et plus qu’on ne sauroit exprimer, rebellantes, des rebelles.

XVIII. Mais si ceux qui objectent que ce que nous avons dit est propre à produire des rebellions, entendent par-là, qu’enseigner aux peuples, qu’ils sont absous du de-