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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/349

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par M. Locke.

à des mécontentemens fondés sur de si justes raisons ? J’avoue que l’orgueil, l’ambition et l’esprit inquiet de certaines gens, ont causé souvent de grands désordres dans les états, et que les factions ont été fatales à des royaumes et à des sociétés politiques. Mais, si ces désordres, si ces désastres sont venus de la légèreté, de l’esprit turbulent des peuples, et du désir de se défaire de l’autorité légitime de leurs conducteurs ; ou, s’ils ont procédé des efforts injustes qu’ont faits les conducteurs et les Princes pour acquérir et exercer un pouvoir arbitraire sur leurs peuples ; si l’oppression, ou la désobéissance en a été l’origine, c’est ce que je laisse à décider à l’histoire. Ce que je puis assurer, c’est que quiconque, soit Prince ou sujet, envahit les droits de son peuple ou de son Prince, et donne lieu au renversement de la forme d’un gouvernement juste, se rend coupable d’un des plus grands crimes qu’on puisse commettre, et est responsable de tous les malheurs ; de tout le sang répandu, de toutes les rapines, de tous les désordres qui détruisent un gouvernement et désolent un pays. Tous ceux qui sont coupables d’un crime si énorme, d’un crime d’une si terrible conséquence, doivent être regardés