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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/354

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Du Gouvernement Civil,

de son Roi, telle vengeance étant contraire aux mêmes loix de la nature. Ainsi, lorsqu’un Roi ne maltraite pas seulement quelques particuliers, mais exerce une cruauté et une tyrannie extrême et insupportable contre tout le corps de l’état, dont il est le chef, c’est-à-dire, contre tout le peuple, ou du moins contre une partie considérable de ses sujets : en ce cas, le peuple a droit de résister et de se défendre, mais de se défendre seulement, non d’attaquer son prince, et il lui est permis de demander la réparation du dommage qui lui a été causé, et de se plaindre du tort qui lui est fait, mais non de se départir, à cause des injustices qui ont été exercées contre lui, du respect qui est dû à son Roi. Enfin, il a droit de repousser une violence présente, non de tirer vengeance d’une violence passée. La nature a donné le pouvoir de faire l’un, pour la défense de notre vie et de notre corps ; mais elle ne permet point l’autre ; elle ne permet point, sans doute, à un inférieur de punir son supérieur. Avant que le mal soit arrivé, le peuple est en droit d’employer les moyens qui sont capables d’empêcher qu’il n’arrive ; mais lorsqu’il