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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/38

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Du Gouvernement Civil,

sonne, et sans dépendre de la volonté d’aucun autre homme, ils peuvent faire ce qu’il leur plaît, et disposer de ce qu’ils possèdent et de leurs personnes, comme ils jugent à propos, pourvu qu’ils se tiennent dans les bornes de la loi de la Nature[1].

Cet état est aussi un état d’égalité ; en sorte que tout pouvoir et toute jurisdiction est réciproque, un homme n’en ayant pas plus qu’un autre. Car il est très-évident que des créatures d’une même espèce et d’un même ordre, qui sont nées sans distinction, qui ont part aux mêmes avantages de la nature, qui ont les mêmes facultés, doivent pareillement être égales entre elle, sans nulle subordination ou sujétion, à moins que le seigneur et le maître des créatures n’ait établi, par quelque manifeste déclaration de sa volonté, quelques-unes sur les autres, et leur ait conféré, par une évidente et claire ordonnance, un droit irréfragable à la domination et à la souveraineté.

II. C’est cette égalité, où sont les hommes naturellement, que le judicieux Hooker[2]

  1. Restriction nécessaire, à laquelle il faut bien faire attention.
  2. Rich. Hooker a été un des plus savans Théo-