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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/53

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de M. Locke.

partiaux, et les fait pencher vers leurs intérêts, et vers les intérêts de leurs amis ; que d’ailleurs un mauvais naturel, la passion, la vengeance, ne peuvent que les porter au-delà des bornes d’un châtiment équitable ; qu’il ne s’ensuiveroit de-là que confusion, que désordre, et que c’est pour cela que Dieu a établi les Puissances souveraines. Je ne fais point de difficulté d’avouer que le Gouvernement civil est le remède propre aux inconvéniens de l’état de nature, qui, sans doute, ne peuvent être que grands par-tout où les hommes sont juges dans leur propre cause : mais je souhaite que ceux qui font cette objection, se souviennent que les Monarques absolus sont hommes, et que si le Gouvernement civil est le remède des maux qui arriveroient nécessairement, si les hommes étoient juges dans leurs propres causes, et si par cette raison, l’état de nature doit être abrogé, on pourroit dire la même chose de l’autorité des Puissances souveraines. Car enfin je demande le Gouvernement civil est-il meilleur, à cet égard, que l’état de nature ? N’est-ce pas un Gouvernement où un seul homme commandant une multitude, est juge dans sa propre cause, et peut faire