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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/58

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Du Gouvernement Civil,

XII. Quant à ceux qui disent, qu’il n’y a jamais eu aucun homme dans l’état de nature ; je ne veux leur opposer que l’autorité du judicieux Hooker. Les loix dont nous avons parlé, dit-il, entendant les loix de la nature[1], obligent absolument les hommes à les observer, même en tant qu’ils sont hommes, quoi qu’il n’y ait nulle convention et nul accord solemnel passé entre eux pour faire ceci ou cela, ou pour ne le pas faire. Mais parce que nous ne sommes point capables seuls de nous pourvoir des choses que nous desirons naturellement, et qui sont nécessaires à notre vie, laquelle doit être convenable à la dignité de l’homme ; c’est pour suppléer à ce qui nous manque, quand nous sommes seuls et solitaires, que nous avons été naturellement portés à rechercher la société et la compagnie les uns des autres, et c’est ce qui a fait que les hommes se sont unis avec les autres, et ont composé, au commencement et d’abord, des sociétés politiques. J’assure donc encore, que tous les hommes sont naturellement dans cet état, que j’appelle état de nature, et qu’ils y

  1. Eccl. Pol. Lib. i, Sect. 10.