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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/64

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Du Gouvernement Civil,

autre, dans une circonstance où il n’y a sur la terre nul supérieur commun, à qui l’on puisse appeler, produit l’état de guerre ; et faute d’un Juge, devant lequel on puisse faire comparoître un agresseur, un homme a, sans doute, le droit de faire la guerre à cet agresseur, quand même l’un et l’autre seroient membres d’une même société, et sujets d’un même état. Ainsi, je puis tuer sur-le-champ un voleur qui se jette sur moi, se saisit des rênes de mon cheval, arrête mon carrosse ; parce que la loi qui a été faite pour ma conservation, si elle ne peut être interposée pour assurer, contre la violence et un attentat présent et subit, ma vie, dont la perte ne sauroit jamais être réparée, me permet de me défendre : me met dans le droit que nous donne l’état de guerre, de tuer mon agresseur, lequel ne me donne point le tems de l’appeler devant notre commun Juge, et de faire décider, par les loix, un cas, dont le malheur peut être irréparable[1]. La privation d’un commun Juge, re-

  1. C’est par cette raison-là que la loi permet de tuer un voleur que vous découvrez sur votre sol, à heure indue, dans la supposition qu’il n’y vient que pour vous voler, et que s’il ne peut le faire sans vous