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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/65

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de M. Locke.

vêtu d’autorité, met tous les hommes dans l’état de nature : et la violence injuste et soudaine, dans le cas qui vient d’être marqué, produit l’état de guerre, soit qu’il y ait, ou qu’il n’y ait point de commun Juge.

V. Mais quand la violence cesse, l’état de guerre cesse aussi entre ceux qui sont

    assassiner, il pourra se porter à cette extrémité, qui ne vous laisseroit pas le tems, ou d’appeler du secours, ou de le citer devant le Magistrat. Outre cela cette conduite, toute sévère qu’elle paroisse, est autorisée par le souverain législateur, Exod. ch. XXII, v. 2. Solon et Platon sont du même sentiment, et chez les Romains les XII Tables disent expressément. Si nox furtum faxit, si eum aliquis occidit jure occisus esto. Voici comme s’explique sur ce sujet un auteur très-estimé. Dans un pareil cas l’on rentre en quelque manière en l’état de nature, où les moindres crimes peuvent être punis de mort ; et ici il n’y a point d’injustice dans une défense poussée si loin pour conserver son bien. Car comme ces sortes d’attentats ne parviennent guère à la connoissance du Magistrat, le tems ne permettant pas souvent d’en implorer la protection, ils demeurent très-souvent impunis. Lors donc qu’on trouve moyen de les punir, on le fait à toute rigueur, afin que, si d’un côté, l’espérance de l’impunité rend les scélérats plus entreprenans, de l’autre, la crainte d’un châtiment si sévère, soit capable de rendre la malice plus timide. Cumberl.