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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/67

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de M. Locke.

pour administrer la justice, ont usé de violence, et fait des injustices ; c’est toujours injustice, c’est toujours violence, quelque nom qu’on donne à leur conduite, et quelque prétexte, quelques formalités de justice qu’on allègue, puisque, après tout, le but des loix est de protéger et soutenir l’innocent, et de prononcer des jugemens équitables à l’égard de ceux qui sont soumis à ces loix. Si donc on n’agit pas de bonne-foi en cette occasion, on fait la guerre à ceux qui en souffrent, lesquels ne pouvant plus attendre de justice sur la terre, n’ont plus pour remède, que le droit d’appeler au Ciel.

VI. Pour éviter cet état de guerre, où l’on ne peut avoir recours qu’au Ciel, et dans lequel les moindres différends peuvent être si soudainement terminés, lorsqu’il n’y a point d’autorité établie, qui décide entre les contendans ; les hommes ont formé des sociétés, et ont quitté l’état de nature : car s’il y a une autorité, un pouvoir sur la terre, auquel on peut appeler, l’état de guerre ne continue plus, il est exclu, et les différends doivent être décidés par ceux qui ont été revêtus de ce pouvoir. S’il y avoit eu une Cour de justice de cette nature, quelque