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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/68

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Du Gouvernement Civil,

Jurisdiction souveraine sur la terre pour terminer les différends qui étoient entre Jephté et les Ammonites, ils ne se seroient jamais mis dans l’état de guerre : mais nous voyons que Jephté fut contraint d’appeler au Ciel[1]. Que l’Éternel, dit-il, qui est le Juge, juge aujourd’hui entre les enfans d’Israël, et les enfans d’Ammon. Ensuite, se reposant entièrement sur son appel il conduit son armée pour combattre. Ainsi, dans ces sortes de disputes et de contestations, si l’on demande : Qui sera le Juge ? L’on ne peut entendre, qui décidera sur la terre et terminera les différends ? Chacun sait assez, et sent assez en son cœur ce que Jephté nous marque par ces paroles : l’Éternel, qui est le Juge, jugera. Lorsqu’il n’y a point de Juge sur la terre, l’on doit appeler à Dieu dans le Ciel. Si donc l’on demande, qui jugera ? on n’entend point, qui jugera si un autre est en état de guerre avec moi, et si je dois faire comme Jephté, appeler au Ciel ? Moi seul alors puis juger de la chose en ma conscience, et conformément au compte que je suis obligé de rendre, en la grande journée, au Juge souverain de tous les hommes.


  1. Jug. 11, 27