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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/70

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Du Gouvernement Civil,

Mais la liberté des hommes, qui sont soumis à un Gouvernement, est d’avoir, pour la conduite de la vie, une certaine règle commune, qui ait été prescrite par le pouvoir législatif, qui a été établi, ensorte qu’ils puissent suivre et satisfaire leur volonté en toutes les choses auxquelles cette règle ne s’oppose pas ; et qu’ils ne soient point sujets à la fantaisie, à la volonté inconstante, incertaine, inconnue, arbitraire d’aucun autre homme : tout démontre de même que la liberté de la nature consiste à n’être soumis à aucunes autres loix, qu’à celles de la nature.

II. Cette liberté par laquelle l’on n’est point assujéti à un pouvoir arbitraire et absolu, est si nécessaire, et est unie si étroitement avec la conservation de l’homme, qu’elle n’en peut être séparée que par ce qui détruit en même-tems sa conservation et sa vie. Or, un homme n’ayant point de pouvoir sur sa propre vie, ne peut, par aucun traité, ni par son propre consentement, se rendre esclave de qui que ce soit, ni se soumettre au pouvoir absolu et arbitraire d’un autre, qui lui ôte la vie quand il lui plaira. Personne ne peut donner plus de pouvoir qu’il n’en a lui-même ; et celui [qui]