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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/79

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par M. Locke.

positives pour déterminer la propriété des choses, cette loi originelle de la nature, touchant le commencement du droit particulier que des gens acquièrent sur ce qui auparavant étoit commun, a toujours eu lieu, et a montré sa force et son efficace. En vertu de cette loi, le poisson qu’un homme prend dans l’Océan, ce commun et grand vivier du genre-humain, ou l’ambre-gris qu’il y pêche, est mis par son travail hors de cet état commun où la nature l’avoit laissé, et devient son bien propre. Si quelqu’un même, parmi nous, poursuit à la chasse un lièvre, ce lièvre est censé appartenir, durant la chasse, à celui seul qui le poursuit. Ce lièvre est bien une de ces bêtes qui sont toujours regardées comme communes, et dont personne n’est le propriétaire : néanmoins, quiconque emploie sa peine et son industrie pour le poursuivre et le prendre, le tire par-là de l’état de nature, dans lequel il étoit commun, et le rend sien.

VII. On objectera, peut-être, que si en cueillant et amassant des fruits de la terre, un homme acquiert un droit propre et particulier sur ces fruits, il pourra en prendre autant qu’il voudra. Je réponds qu’il ne