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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/80

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Du Gouvernement Civil,

s’ensuit point qu’il ait droit d’en user de cette manière. Car la même loi de la nature, qui donne à ceux qui cueillent et amassent des fruits communs, un droit particulier sur ces fruits-là, renferme en même tems ce droit dans de certaines bornes[1]. Dieu nous a donné toutes choses abondamment. C’est la voix de la raison, confirmée par celle de l’inspiration. Mais à quelle fin ces choses nous ont-elles été données de la sorte par le Seigneur ? Afin que nous en jouissions. La raison nous dit que la propriété des biens acquis par le travail, doit donc être réglée selon le bon usage qu’on en fait pour l’avantage et les commodités de la vie. Si l’on passe les bornes de la modération, et que l’on prenne plus de choses qu’on n’en a besoin, on prend, sans doute, ce qui appartient aux autres. Dieu n’a rien fait et créé pour l’homme, qu’on doive laisser corrompre et rendre inutile. Si nous considérons l’abondance des provisions naturelles qu’il y a depuis long tems dans le monde ; le petit nombre de ceux qui peuvent en user, et à qui elles sont destinées, et combien peu une per-

  1. 1. Tim. VI, 17.