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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/81

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par M. Locke.

sonne peut s’en approprier au préjudice des autres, principalement s’il se tient dans les bornes que la raison a mises aux choses dont il est permis d’user, on reconnoîtra qu’il n’y a guère de sujets de querelles et de disputes à craindre par rapport à la propriété des biens ainsi établie.

VIII. Mais la principale matière de la propriété, n’étant pas à présent les fruits de la terre, ou les bêtes qui s’y trouvent, mais la terre elle-même, laquelle contient et fournit tout le reste, je dis que, par rapport aux parties de la terre, il est manifeste qu’on en peut acquérir la propriété en la même manière que nous avons vu qu’on pouvoit acquérir la propriété de certains fruits. Autant d’arpens de terre qu’un homme peut labourer, semer, cultiver, et dont il peut consumer les fruits pour son entretien, autant lui en appartient-il en propre. Par son travail, il rend ce bien-là son bien particulier, et le distingue de ce qui est commun à tous. Et il ne sert de rien d’alléguer que chacun y a autant de droit que lui, et que, par cette raison, il ne peut se l’approprier, il ne peut l’entourer d’une clôture, et le fermer de certaines bornes, sans le consentement de tous