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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/86

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Du Gouvernement Civil,

car, enfin, nous voyons que labourer, que cultiver la terre, et avoir domination sur elle, sont deux choses jointes ensemble. L’une donne droit à l’autre. Tellement que le Créateur de l’univers, commandant de labourer et cultiver la terre, a donné pouvoir, en même-tems, de s’en approprier autant qu’on en peut cultiver ; et la condition de la vie humaine, qui requiert le travail et une certaine matière sur laquelle on puisse agir, introduit nécessairement les possessions privées.

XII. La mesure de la propriété a été très-bien réglée par la nature, selon l’étendue du travail des hommes, et selon la commodité de la vie. Le travail d’un homme ne peut être employé par rapport à tout, il ne peut s’approprier tout ; et l’usage qu’il peut faire de certains fonds, ne peut s’étendre que sur peu de chose : ainsi, il est impossible que personne, par cette voie, empiète sur les droits d’autrui, ou acquière quelque propriété, qui préjudicie à son prochain, lequel trouvera toujours assez de place et de possession, aussi bonne et aussi grande que celle dont un autre se sera pourvu, et que celle dont il auroit pu se pourvoir auparavant lui-même. Or, [cette]