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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/85

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par M. Locke.

propriété de ce pays ou de cette paroisse, où une certaine convention a été faite. Au reste, on peut ajouter à la raison, tirée des loix du pays, cette autre qui est d’un grand poids ; savoir, que si on venoit à fermer de certaines bornes, et à s’approprier quelque portion de la terre commune, que nous supposons, ce qui en resteroit ne seroit pas aussi utile et aussi avantageux aux membres de la communauté, que lorsqu’elle étoit toute entière. Et, en cela, la chose est tout autrement aujourd’hui qu’elle ne l’étoit au commencement du monde, lorsqu’il s’agissoit de peupler la terre, qui étoit donnée en commun au genre-humain. Les loix sous lesquelles les hommes vivoient alors, bien loin de les empêcher, de s’approprier quelque portion de terre, les obligeoient fortement à s’en approprier quelqu’une. Dieu leur commandoit de travailler, et leurs besoins les y contraignoient assez. De sorte que ce, en quoi ils employoient leurs soins et leurs peines, devenoit sans difficulté, leur bien propre ; et on ne pouvoit, sans injustice, les chasser d’un lieu où ils avoient fixé leur demeure et leur possession, et dont ils étoient les maîtres, les propriétaires, de droit divin :