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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/91

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par M. Locke.

XV. La même mesure règle assez les possessions de la terre. Quiconque cultive un fonds, y recueille et moissonne, en ramasse les fruits, et s’en sert, avant qu’ils se soient pourris et gâtés, y a un droit particulier et incontestable. Quiconque aussi a fermé d’une clôture une certaine étendue de terre, afin que le bétail qui y paîtra, et les fruits qui en proviendront, soient employés à sa nourriture, est le propriétaire légitime de cet endroit-là. Mais si l’herbe de son clos se pourrit sur la terre, ou que les fruits de ses plantes et de ses arbres se gâtent, sans qu’il se soit mis en peine de les recueillir et de les amasser, ce fonds, quoique fermé d’une clôture et de certaines bornes, doit être regardé comme une terre en friche et déserte, et peut devenir l’héritage d’un autre. Au commencement, Caïn pouvoit prendre tant de terre qu’il en pouvoit cultiver, et faire, de l’endroit qu’il auroit choisi, son bien propre et sa terre particulière, et en même-tems en laisser assez à Abel pour son bétail. Peu d’arpens suffisoient à l’un et à l’autre. Cependant, comme les familles crûrent en nombre, et que l’industrie des hommes s’accrut aussi, leurs possessions furent pa-