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Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/92

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Du Gouvernement Civil,

reillement plus étendues et plus grandes, à proportion de leurs besoins. On n’avoit pas coutume pourtant de fixer une propriété à un certain endroit, cela ne s’est pratiqué qu’après que les hommes eurent composé quelque corps de société particulière, et qu’ils eurent bâti des villes : alors, d’un commun consentement, ils ont distingué leurs territoires par de certaines bornes ; et, en vertu des loix qu’ils ont faites entre eux, ils ont fixé et assigné à chaque membre de leur société telles ou telles possessions. En effet, nous voyons que, dans cet endroit du monde qui demeura d’abord quelque tems inhabité, et qui vraisemblablement étoit commode, les hommes, du tems d’Abraham, alloient librement çà et là, de tous côtés, avec leur bétail et leurs troupeaux, qui étoient leurs richesses. Et il est à remarquer qu’Abraham en usa de la sorte dans une contrée où il étoit étranger. De-là, il s’ensuit, même bien clairement, que du moins une grande partie de la terre étoit commune, et que les habitans du monde ne s’approprioient pas plus de possessions qu’il leur en falloit pour leur usage et leur subsistance. Que si, dans un même lieu, il n’y avoit pas assez de, place pour