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Page:Locke - Essai sur l’entendement humain.djvu/194

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conſiderées enſemble. Liv. II.

poſées de parties. Mais comme ces parties ſont toutes de la même eſpèce, & ſans mêlange d’aucune autre idée, elles n’empêchent pas que l’Eſpace & la Durée ne ſoient du nombre des Idées ſimples. Si l’Eſprit pouvoit arriver, comme dans les Nombres, à une ſi petite partie de l’Etenduë ou de la Durée, qu’elle ne pût être diviſée, ce ſeroit, pour ainſi dire, une idée, ou une unité indiviſible, par la repetition de laquelle l’Eſprit pourroit ſe former les plus vaſtes idées de l’Etenduë & de la Durée qu’il puiſſe avoir. Mais parce que notre Eſprit n’eſt pas capable de ſe repréſenter l’idée d’un Eſpace ſans parties, on ſe ſert, au lieu de cela, des meſures communes qui s’impriment dans la mémoire par l’usage qu’on en fait dans chaque Païs, comme ſont à l’égard de l’Eſpace, les pouces, les piés, les coudées & les paraſanges ; & à l’égard de la Durée, les ſecondes, les minutes, les heures, les jours & les années : notre Eſprit, dis-je, regarde ces idées ou autres ſemblables comme des idées ſimples dont il ſe ſert pour compoſer des idées plus étenduës, qu’il forme dans l’occaſion par l’addition de ces ſortes de longueurs qui lui ſont devenuës familiéres. D’un autre côté, la plus petite meſure ordinaire que nous ayons de l’un & de l’autre, eſt regardée comme l’Unité dans les Nombres, lorſque l’Eſprit veut réduire l’Eſpace ou la Durée en plus petites fractions, par voye de diviſion. Du reſte, dans ces deux opérations, je veux dire dans l’addition & la diviſion de l’Eſpace ou de la Durée, & lorsque l’idée en queſtion devient fort étenduë, ou extrêmement reſſerrée, ſa quantité préciſe devient fort obſcure & fort confuſe ; & il n’y a plus que le nombre de ces additions ou diviſions repetées qui ſoit