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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/60

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tait dans une profonde détresse. La tête semblait lui tourner : il souffrait de partout, sur son corps, dans son corps, et cette souffrance le paralysait.

Les souvenirs de l’Abîme le hantaient comme les scènes monstrueuses d’un cauchemar qu’il ne réussissait pas à chasser. Il fixa sa pensée et ses regards sur le visage de Miss Wilson, maintenant assise à son pupitre, et à l’instant même il vit surgir à sa place la figure impudente et batailleuse de Simpson-la-Brique. Il se sentait malade, endolori, fatigué et bon à rien. Il ne lui restait qu’à esquiver la composition. Et quand, après un siècle d’attente, les copies furent ramassées, il remit la sienne en blanc, sauf son nom, le titre et la date inscrits au haut de la page.

Après un bref intervalle, de nouvelles feuilles furent distribuées et l’épreuve d’arithmétique commença. Joë ne se donna même pas la peine d’examiner les questions.

En temps ordinaire, il eût pu se tirer à son avantage de cet examen-là, aujourd’hui il en était incapable. Il se contenta d’enfouir son visage dans ses mains en attendant midi.

Un instant, en levant les yeux vers la pendule, il surprit le regard malicieux que lui lançait Bessie du côté de la classe réservé aux filles. Ce regard ne fit qu’ajouter à son malaise. Pourquoi le tourmentait-elle ? Quel besoin avait-elle de se tracasser ? Elle était sûre de passer brillamment l’examen. Ne pouvait-elle le laisser tranquille ?

Il lui décocha alors un coup d’œil particulièrement sévère, puis reposa sa figure entre ses mains et ne la releva qu’en entendant sonner le coup de gong de