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Page:London - La Croisière du Dazzler', trad. Postif, 1948.djvu/61

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midi. Sur ce il remit une seconde feuille en blanc et sortit avec les garçons.

Fred, Charley et lui prenaient d’habitude leur déjeuner dans un coin de la cour qu’ils s’étaient approprié ; mais ce jour-là, par une coïncidence extraordinaire, une vingtaine d’autres garçons avaient choisi ce même endroit pour s’y installer.

Joë les observa avec dédain. Dans son état actuel, il ne se sentait pas disposé à recevoir l’adoration due aux héros. Il souffrait trop de la tête et, était ennuyé de son échec à l’examen ; or celui-ci devait continuer dans l’après-midi !

Il s’irritait d’entendre Fred et Charley jacasser comme des pies au sujet de leurs aventures de la veille au soir — où cependant ils ne manquaient pas de lui attribuer le plus grand crédit — et de les voir prendre des airs protecteurs devant leurs admirateurs médusés.

Mais aucun effort ne réussit à faire bavarder Joë. Il grognait et répondait par des monosyllabes aux questionneurs qui essayaient de le faire sortir de son mutisme.

Il aurait voulu fuir dans un lieu solitaire, s’allonger sur l’herbe, oublier souffrances et tracas. Il se leva pour chercher un bon coin et se vit immédiatement suivi par une demi-douzaine d’importuns. Il eût voulu se retourner et leur crier de le laisser en paix. Sa fierté l’en empêcha.

Il se sentit submergé par une vague de dégoût et de désespoir, puis une idée jaillit dans son esprit. Dès lors qu’il était certain de son échec à l’examen, pourquoi endurerait-il la torture de l’après-midi, qui lui