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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/128

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L’ÂME QUI VIBRE


S’ils n’ont d’autre horizon que l’horizon maudit
Du drap blanc dont on vêt leur éternelle absence,
S’ils n’ont que leur cercueil pour toute récompense,
Mon amante a pour elle un bien beau paradis.

Elle s’en est allée à son nouveau séjour,
Des fleurs dans les cheveux et dans ses mains de cire.
Belle comme au matin de son premier sourire,
Et comme au soir tombant de son dernier amour.

Si bien que n’ayant pas, au lugubre hôpital,
L’habitude de voir une morte aussi belle,
On vint tout un matin défiler devant elle.
On l’aurait plutôt cru prête à partir au bal.

Cependant, elle avait sur sa poitrine éteinte
Un crucifix de bois posé pieusement.
Car elle était chrétienne un peu, dans ses moments,
Et que, s’il est un ciel, Jésus la fera sainte.

Seul, un regret profond des jours trop tôt passés
Jaillissait de son front à mes yeux en délire.
Mais la paix de la mort pouvait pourtant se lire
Sur son cœur de silence et ses deux seins glacés.