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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/136

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L’ÂME QUI VIBRE


VIII

Ô toi ! qui n’as pas eu pourtant de lit de mort !
Ô brebis qui n’a pas expiré près du pâtre !
Mais que j’ai retrouvée au grand amphithéâtre
Parmi des morts anciens et d’autres morts encor !

Ô toi ! que l’on put voir sinistre et toute nue
Sur la dalle où mourait ton flot de cheveux fous,
Et dont les doigts portaient la trace des bijoux
Que l’on t’avait ravis, sitôt l’âme rendue !

Ô victime innocente et douce de ton cœur !
Pardonne à ton amant d’avoir été te prendre
Au sein de ta province et de ton foyer tendre
Pour te conduire au jour de la ville où l’on meurt.

Pardonne à notre amour d’avoir su nous atteindre,
Car il était si grand, car il était si fort,
Que la terre qui pèse à présent sur ton corps
Ne l’a pas étouffé ni ne saurait l’éteindre.