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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/141

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L’HORLOGE


Et cette voix reprend parfois ses confidences :

« Sais-tu que je serai bien heureuse le jour
« Où les gloires auront germé de tes souffrances.
« Le jour où le laurier à ton front sera lourd,
« Et laissera, semblable au branchage du lierre,
« Ramper ses feuilles d’or au long de notre amour.

« Ah ! ce jour-là, mon cher petit, je serai fière ! »

La voix qui me lançait ainsi des grains d’espoir,
Se prenait, quand pour nous sonnait l’heure dernière
Et qu’au bras l’un de l’autre on berçait notre soir,
Se prenait, quand le calme étendait ses deux ailes
Sur notre enlacement et notre couple noir,
À me parler de sa petite tourterelle,
De l’enfant que j’avais fait jaillir de son sein
Pour jeter en pâture à la foule rebelle.
Et sa voix était douce, alors, comme sa main :

« Que fait notre Jésus par cette nuit sereine ?
« Dort-il, au moins, notre petit Nazaréen ?

« Mon Dieu ! si seulement j’étais un peu certaine
« Que cette paysanne embrassât notre enfant,
« Non pas, certe, en maman, mais au moins en marraine.