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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/145

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J’AI REVU L’HÔPITAL


Elle vécut encor cinq longs jours d’hôpital,
Puis elle apprit enfin qu’elle était au plus mal.
Alors elle me dit de sa voix de mourante :
« Attends au moins un an, pour prendre une autre amante ! »
Et, comme l’heure allait sonner du dénoûment,
Les yeux un peu mouillés, tremblante et doucement,
Portant ses doigts jolis sur sa bouche encor belle,
Elle fit un baiser : « Pour ma fille » dit-elle.

Et puis ce fut la mort, la mort au fard hideux,
Qui noircissait sa lèvre et qui cernait ses yeux.
Et puis ma bouche à moi sur sa bouche quand même,
Car, jusque sur la mort, quand j’aime, il faut que j’aime ;
Et puis l’amphithéâtre où le gardien des morts,
De cadavre en cadavre a retrouvé son corps…

Souvenir ! souvenir à la douleur hurlante !
Je vous sentis couler comme une huile bouillante,
Je vous sentis couler si fort que, dans le soir,
J’ai percé les murs blancs d’un cri de désespoir.