Aller au contenu

Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
L’ÂME QUI VIBRE


Je ne sais pas pourquoi son front paraît sévère ;
Si c’est d’avoir foulé la tombe de sa mère,

Si c’est d’avoir compris, à sa façon, combien
Mon regard s’altérait en déchiffrant le sien.

Si c’est d’entendre en elle, et d’en être surprise,
La voix qui, dans la mort, a prononcé : Florise.

Ou bien, si, simplement, comme je le prévois,
C’est qu’elle a vu le jour sur un chemin de croix ?

Quand elle sera grande elle viendra me dire
Si je m’étais trompé sur son âme d’enfant.
Et si j’avais vu juste, un soir, en découvrant
Qu’un regret s’endormait au creux de son sourire.

Quand elle sera grande autant que je le suis,
Je serai jeune encor au sein de l’existence.
Et peut-être qu’alors j’aurai pour récompense
La palme qu’à présent pour elle je poursuis.

Si j’ai le rameau vert, elle en aura la gloire,
Mais si je sombre en route, oh ! qu’elle ait la bonté
De devenir un peu ma sœur de charité.
Mon vin de naufragé sera moins dur à boire.