Aller au contenu

Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
FLORISE


Mais que je sombre ou non, quand elle aura vingt ans,
Ma fille sera bonne à tous ceux de la terre.
Elle aidera le pauvre à monter son calvaire,
Et sa main sera douce au front des indigents.

Et son cœur sera large à toute la souffrance.
Femme libre, elle ira par les sentiers battus,
Laissant à d’autres mains les communes vertus,
Semer la charité, l’amour et l’indulgence.

Puis, lors de son retour à mon foyer, les soirs,
Après avoir rempli sa tâche journalière,
Elle me dira : « Père ! embrasse une guerrière
Qui vient de vaincre encor deux nouveaux désespoirs. »

Et ceux qui m’ont blâmé me porteront envie
De me savoir poète et content comme un roi.
Car n’être que poète est le rêve pour moi
Qui n’aime pas avoir affaire avec la vie.

Comme elle sera grande et sage en même temps,
Je n’aurai plus besoin d’être ni grand ni sage.
Alors, changeant pour moi les règles du ménage,
Elle sera la mère et je serai l’enfant.