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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/183

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À L’INTÉRIEUR D’UNE ANNÉE


Laissons choir à nos pieds l’urne de nos regrets ;
Que joyeux soit pour nous le fracas de son grès ;
Et que le chemin blanc nous conduise à la ville
Où nous reformerons notre foyer tranquille.
Notre enfant marchera quelques pas devant nous,
Le chemin sera long, mais il sera plus doux.
Nous ferons, par moments, halte près des fontaines
Tour noyer, s’il le faut, le restant de nos peines.
Et nous repartirons de nouveau vers l’espoir.

En attendant, arrêtons-nous ici ce soir ;
Et prenez nos deux mains dans les vôtres, ma mère,
Goûtez à votre tour tous les fruits de la terre,
L’heure en est arrivée et les fruits sont bien mûrs,
Oubliez que les ans vous ont été si durs
Et que le poids du ciel pèse sur votre tête.
Reposez-vous entre l’enfant et le poète,
Et regardez en eux le bonheur s’incarner.
Vous passerez ainsi la nuit sans leur causer.
Et vous aurez souvent de ces heures bénies,
Car nous sommes encor si jeunes dans la vie,
Que nous n’atteignons pas, même en nous unissant,
L’âge auquel on a droit d’avoir un cheveu blanc.
Je ne parlerai pas moi-même davantage,
Et Florise, malgré ses deux ans, sera sage.