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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/67

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C’EST NOËL


C’est celui qui se dit : Je souffre, mais au moins,
Je veux souffrir tout seul et non devant témoins.
Ah ! Jésus ! n’est-ce pas qu’il est vraiment ton frère
Celui qui ne fait pas claironner sa misère ?

D’abord, peuple, pourquoi, la tête entre les mains,
Toujours te prosterner aux dalles des chemins ?
Ne crains-tu pas qu’un jour Jésus-Christ ne te dise :
« Ce n’était pas ainsi que je voulais l’Église ;
« Dans mon temple on ne doit pas courber les genoux,
« Même pas devant moi qui suis Dieu, dites-vous. »
Ô peuple ! apprends-le donc de sa voix qui le clame
Qu’en courbant les genoux on avilit son âme[1].

C’est Noël et j’entends monter des cris confus :
C’est Montmartre qui fête, à sa façon, Jésus ;
C’est Montmartre qui passe en battant des cymbales,
Et qui, pour célébrer le doux Seigneur, aussi,
Ouvre ce soir son temple à toutes ses vestales.
Tenez ! juste au moment où j’écris ce vers-ci,
J’entends monter jusqu’à mon quatrième étage,
Minuit Chrétien chanté par Montmartre en tapage.
Aussi, je vais descendre à mon tour : C’est Noël !

  1. Si ce n’est cependant parfois devant la femme.