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Page:Londres - L’Âme qui vibre, 1908.djvu/77

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EN ERRANT


Mais si c’était-elle, là-bas ! Oh ! ma panique !
Je serais là comme un joujou sans mécanique !
Aussi, restez mon âme ! Oh ! Restez aujourd’hui,
J’ai trop besoin de vous pour comprendre la nuit
Qui se prépare dans les champs pleins de silence.
J’ai trop besoin de vous pour avoir l’insolence
De fixer maintenant le ciel qui redescend ;
Car je ne suis, sans vous, qu’un faible adolescent.

Je vais marcher. Je vais aller voir ma fermière.
Je voudrais la trouver, lisant sous la lumière
D’une lampe ancestrale, un livre de Rousseau,
Près de son père usé balançant un berceau.
Mais moi qui n’ai jamais couru cette campagne,
Et qui n’ai même pas un chien qui m’accompagne !
Quel est donc le chemin que je vais prendre, alors ?
« — Poête, répondit, soudain, d’une voix d’or,
Mon âme qui marchait près de moi comme une ombre,
Tu prendras le chemin que le lilas encombre,
Tu graviras sa pente et tu verras, bientôt,
Une chaumière aussi blanche que mon manteau.
Tu suivras le sentier qui fait face à sa grille
Et tu découvriras une vitre qui brille.
C’est là que tu devras pousser tes derniers pas.
Mais je t’en avertis, oh ! ne musarde pas