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Page:Londres - L’Homme qui s’évada, 1928.djvu/124

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— Pourquoi ? lui demandons-nous, effrayés.

Il mouille les deux ancres, roule la voile et dit : « Strong connaît ! »

On ne repartira que le lendemain.

La nuit vient. C’est là, exactement, que nous avons fait naufrage. Il ne reste rien de nos épaves, la vase a tout avalé. Rien. Nous sommes sur le tombeau de Venet. Je sens quelque chose d’aigre monter à mes pensées. Tout me rappelle : Duez ou sa femme allume là-bas, sur leur île, leur lanterne-phare. Au fond, le vent qui se lève fait crier les palétuviers, de fièvre et d’abandon. Un tronc apparaît dans la vase. Il ne va pas lever les bras, au moins, celui-là ? Ah ! non ! Eh bien ! Il faut le dire, mon cauchemar ne dura pas. Un tel désir de liberté bouillonnait en moi qu’il chassa le passé. La nuit était belle. Il y avait clair de lune. Strong dormait comme un bon saint noir. L’espoir submergea le souvenir.