Aller au contenu

Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

met du grand mât. Savez-vous que je crois bien avoir rencontré le bateau-fantôme ?

Le bateau-fantôme voyage dans le golfe Persique, jamais ailleurs, tout le monde le sait. Il navigue à rebours du vent, par les nuits de brume et d’effroi, voile noire déchirée, ses marins morts, sa cloche sonnant le glas, filant à toute vitesse. Il va du golfe d’Oman a Bassorah. On ne le voit jamais redescendre, mais toujours remonter. Les pêcheurs pourraient vous raconter de longues histoires sur son compte. Il est bien connu dans ces parages. La pêche est mauvaise où il est passé. On ne ramène que des perles noires, le lendemain. Et c’est alors qu’il faut craindre le requin.

La nuit était comme elle doit être quand le bateau-fantôme fendit la mer devant nous. Les Arabes du bord eurent à peine le temps de le montrer du doigt. Je n’ai pas bien entendu la cloche. C’était tout de même rudement impressionnant !

Le cargo anglo-indien pris au vol à Linga, jeta enfin l’ancre devant Bahrein.

Si les Anglais ne nous laissent pas débarquer, je me suicide sous leurs yeux !

Le décor change d’aspect. La mer écume sous des sambouks à moteur. Nous avons quitté les pays de misère. Nous abordons à l’île de la Fortune. Ya-Mal !