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Page:Londres - Pêcheurs de perles, 1931.djvu/263

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pendant un goût assez amer. N’était-ce pas vanter le bonheur de devenir sourd, phtisique, aveugle ? Mais à quoi rêver, quand on est de Bahrein et fils de plongeur ?

J’ai vu la perle de sept cent mille francs…

En me rendant au boom de la Fortune, l’eau parut soudain toute noire, devant nous comme s’il avait plu des flocons de suie sur le golfe. Bientôt, il fallut constater que ces flocons avaient de longs cous. C’étaient des oies de l’Irak. J’en comptai deux mille ; un grand mathématicien en aurait trouvé le double. Quel vol, dès que notre jolyboat foncerait là-dedans ! Nous avancions. Nous levions déjà les yeux pour suivre la fuite éperdue, quand tout à coup l’immense tache noire s’effaça. Ces oiseaux avaient plongé. Tout le monde veut des perles — même les oies !

On m’avait dit de crier Ya-Mal en accostant. C’était dans le protocole du golfe. Honneur à la chance ! Le fameux boom changeait de banc. Nous glissâmes dans son sillage.

Chil Achira, enlevez la voile, lança le nakuda. Le nouveau banc était trouvé.

Alla Yambi ! Alla Yambi ! Alla Yambi ! Alla Yambi ! jusqu’à la fin ! renvoyait l’équipage.