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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/10

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notice

et parcouru ce vaste continent de l’Amérique du Nord, c’étaient nos missionnaires et nos coureurs des bois qui avaient établi de tous côtés des communications protégées par nos postes avancés.

Malheureusement, nos riches colonies américaines, depuis si longtemps convoitées par les Anglais, nous furent enlevées en 1715, par le traité d’Utrecht, qui les fit passer sous l’autorité britannique.

À partir de ce moment commencèrent les malheurs des Acadiens, qui, fidèles à leur drapeau, furent punis de leur foi et martyrs de leur loyauté. Catholiques et Français, ils refusèrent de marcher avec les armées anglaises et de se battre contre leurs frères du Canada. C’est en vain qu’ils réclamèrent le bénéfice d’une neutralité que l’humanité faisait à leurs maîtres un devoir de respecter. Pendant un demi-siècle, on leur fit endurer mille vexations pour les punir de la fidélité avec laquelle ils restaient attachés à la foi de leurs pères et au souvenir de la France. Enfin, ne pouvant parvenir à les exterminer, le gouvernement anglais eut recours à un de ces moyens odieux que l’humanité réprouve et sans exemple dans l’histoire moderne : l’exil en masse. Cette mesure inique fut exécutée avec une cruauté qui en doubla l’horreur.