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Page:Longfellow - Évangéline (trad. Poullin), 1911.djvu/25

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évangéline

reuse qui donnait à toute la nature un air de jeunesse qui reposait l’âme ; l’Océan paraissait calme et tranquille. Les voix des enfants au jeu, le chant des coqs dans la campagne, le bruissement des ailes des oiseaux dans le feuillage des arbres empourprés par l’automne, le soleil lui-même, dont les rayons étaient comme voilés, tout semblait inviter à une douce rêverie.

C’était pour les bons paysans acadiens le règne du repos qui commençait.

À l’heure du crépuscule, les troupeaux rentraient à l’étable, aspirant la fraîcheur du soir, et battant le sol du pied. En tête, marchait la belle génisse d’Évangéline, fière de son poil d’une éclatante blancheur et du ruban qui flottait à son cou ; elle agitait gaîment sa clochette, comme si elle eût eu le sentiment de l’affection que lui portait sa jeune maîtresse.

Puis venaient des bords de la mer, où se trouvaient leurs pâturages préférés, les moutons bêlants, conduits par leur berger. Derrière eux marchait le chien, gardien fidèle et vigilant, allant de droite à gauche, remuant sa queue touffue, et poussant en avant les traînards. Pour ces troupeaux, c’était un chef et un protecteur, car, la nuit, pendant le sommeil du berger, c’est lui qui défendait les moutons